Following
S'il n'est qu'un seul réalisateur à suivre en ce moment, un nom vient à la bouche et à l'esprit: Christopher Nolan. Après avoir subi le choc "Memento" de plein fouet et en pleine salle, j'ai eu envie de découvrir le premier film de celui ci en DVD: "Following".
Imaginez le montage de "Pulp Fiction" et de "Memento", mixez tous les ingrédients de ces films et multipliez la complication de ceux-ci par dix: vous aurez "Following"...
D'aucun diront que l'histoire ne tient que dans le montage, d'autres diront qu'elle reste simple et que le montage ne sert que la mettre en valeur. Le film est un mélange de tout cela: le suspense tient dans le montage qui distille les clefs au compte goutte et qui prend le spectateur par la main, le baladant, lui insufflant de fausses pistes avant de lui assener un coup de grâce final qu'il refuse de prendre en compte.
L'histoire est dépendante du montage qui permet au scénario d'exister... Jamais autant scénario, mise en forme et mise en scène n'auront été aussi dépendantes: l'histoire est le montage et le montage est l'histoire.
Tout tient dans le procédé de narration (on vient de le signaler), mais les surprises se révèlent au fur et à mesure: qui sont les personnages? quelles sont leurs interactions? pourquoi se rencontrent-ils? pourquoi agissent-ils comme cela? qui manipule qui?
Alors que dans "Memento", les clefs étaient livrées au milieu du film et mettaient le spectateur dans l'expectative jusqu'à la fin, "Following" poursuit le procédé jusqu'au bout : la révélation arrive dans les dernières images et l'on reste bête devant le générique de fin... On n'en croit pas ses yeux... Pourquoi en est on arrivé là? Comment les personnages ont évolués pour en arriver à ce point?
Seule une deuxième lecture du film peut permettre de répondre à ces questions.
En tout cas, et contrairement à beaucoup de cinéastes, Christopher Nolan croit en l'intelligence des spectateurs: à eux de comprendre le film, de le vivre, de se forger son propre avis, de réfléchir pendant le film. Chose rare parmi les films "dits" de divertissements actuels.
Aux vus de ses deux premiers longs métrages ("Following" / "Memento") Christopher Nolan a inventé un nouveau style de cinéma, se basant beaucoup plus sur le montage, la mise en forme du film mais cependant ne négligeant pas l'histoire.
Les deux restent indissociables : le fond dans ses films dépend intimement de la forme: l'histoire ne peut être viable si cette forme n'est pas respectée et le dialogue, le scénario ne peuvent être compris ou acceptés que s'ils sont inclus dans ce procédé narratif...
Bref, à ce jour, Christopher Nolan est un des réalisateurs les plus intéressants des années 1990-2001.
En tout cas, une valeur sûre à suivre...